On est a Tortel ! Mais ils sont ou nos kayaks ?
Apres moult péripéties depuis notre depart de Puerto Eden – sur lesquelles nous reviendrons –, nous avons tente ce 17 juillet de doubler une certaine « Pointe Bella » qui devait nous ouvrir les derniers milles pour parvenir a Tortel, notre troisième etape. Un incroyable vent d’est de 30 noeuds (55 Km/h) nous y a fait renoncer. Le lendemain, obstines, nous essayons une autre route. Apres avoir lutte comme des damnes contre des rafales qui depassaient parfois les 40 noeuds et une houle courte et mechante, nous parvenions a rejoindre le continent, une longue plage de sable. Les oreilles etirees jusqu’a la nuque par le vent. Tortel etait en vue, mais le jour declinait et le vent nous empechait toute progression vers le village. Nous avons donc solidement amarre nos kayaks et sommes partis, sacs au dos, vers les lumieres et leurs promesses de bien-etre. Las... nous avions atterris en plein delta du grand Rio Baker, impossible de franchir le dernier bras qui nous separait de la civilisation... Nous nous sommes alors resignes a passer une nouvelle nuit sous la tente. Mais dans l’obscurite, nous n’avons pas retrouve nos kayaks, perdus quelque part dans le delta. Et avons gagne une nuit a la belle etoile, nos oreilles etirees en guise de tente. Il faisait frais, mais heureusement, nous avions 150g de raisins secs pour le diner et le petit dejeuner du lendemain.
Ce jour suivant, le 19 juillet, nous devions retrouver nos kayaks. Le vent etait tombe, il faisait grand soleil... mais la maree etait haute. Les petits ruisseaux boueux de la veille etaient devenus de belles rivieres d’eau glacee. Il nous faudra nous y enfoncer jusqu’a la poitrine pour rejoindre nos bateaux paresseusement avachis sur leur quelque metres carres de sable encore emerges. Perdre nos bateaux a terre, notre imagination pourtant deluree ne l’avait pas envisage... mais la Patagonie est joueuse. Nous pouvions alors arriver a Tortel, derniere halte avant l’etape finale de notre expédition.