Au rendez-vous du ciel et de la mer
Une note d’Alexandre
L’horizon s’étend devant nous. Sans fin. C’est la première fois depuis que nous sommes en terres patagonnes que nous voyons le ciel rejoindre la mer au loin. Une perspective aux limites infinies que l’heure de la journée et le soleil embellissent. Le ciel bleu, au-dessus de nos têtes, glisse jusqu’à l’orange, strié, tout au bout, là-bas, là où la mer lui a donné rendez-vous.
Le Golfe des Peines s’ouvre devant nous, nous venons de traverser les canaux patagons, l’émotion m’envahit. Pagaie posée sur le bateau, bouche ouverte, je contemple. Je ne m’étais pas préparé à cette vision. La traversée que nous réalisons depuis des mois prend soudainement toute son ampleur, son sens. Nous étions entrés dans les canaux de Patagonie par une des deux uniques portes maritimes sud lors de notre navigation dans le Skyring, il y a déjà 3 mois, et nous venons cet après-midi-là, jeudi 30 juillet, d’atteindre la seule porte de sortie maritime nord, le Golfe des Peines. Plus haut, après le Golfe, les canaux reprennent mais se divisent alors en archipel d’îles bien distinctes les uns des autres, ce ne sont plus les canaux, mais des canaux.
Après quelques minutes, il faut tout de même s’arracher à cette contemplation béate. Nous sommes loin d’une zone de campement possible et le soleil se couche. Il nous faut nous y remettre.
Le soir, en mangeant notre repas devant ce spectacle dont je ne peux me lasser, je ne savais pas encore que cette apparition serait l’image de fin de la première expédition Patagonia 2009.
Finir par un tel souffle émotionnel est une belle fin pour cette première expédition. J’en goûte encore toute la saveur et suppose que sa douceur me restera encore longtemps en bouche.
Alexandre.
Post-scriptum parce qu’il en faut bien un.
Bien sûr cette histoire racontée ainsi est un joli conte. Bien sûr nous souhaitions finir cette expédition dans le port de Coyhaique, Puerto Chacabucco. Bien sûr cette pirouette d’écriture justifie bien des choses.
Et si les pirouettes étaient vraies. Et si les souhaits ne devaient pas toujours se réaliser. Et si les récits ne s’écrivaient qu’a posteriori. Et si…
Et s’il y avait une seconde expédition Patagonia 2009. Et si celle-ci commençait le vendredi 31 juillet au matin pour s’achever à nouveau à Tortel le dimanche 16 août.
Ce texte fait suite à Faits comme des rats et se poursuit par Une boucle pour mes peines.