Chant général
Pablo Neruda
Le Chant général. Pablo Neruda. S’attaquer à un texte portant sur cette œuvre est quelque peu présomptueux. Intimidant.
Pablo Neruda y retrace l’histoire du Chili. En tout cas c’est ce qu’il eut l’intention de faire au début de son écriture. Le recueil s’appelait alors Chant général du Chili (ou Chant au Chili en fonction des historiens), il l’abrégea finalement en Chant général devant le résultat continental de son colossal ouvrage.
Etonnant procédé que d’utiliser le langage de la poésie pour écrire un livre d’histoire, Pablo Neruda s’en explique : « Avec le Chant général, j’ai travaillé sur le terrain de la chronique et du mémorial, un terrain qui, les premiers temps, me parut rocailleux et inhospitalier. Mais soudain je découvris […] qu’il n’y avait pas de matériel antipoétique lorsqu’il s’agissait de nos réalités. »
Divisé en 15 chants leurs noms donnent un juste aperçu de la volonté de l’auteur.
I ) La Lampe sur la Terre
II ) Les Hauteurs de Macchu-Picchu
III ) Les Conquistadores
IV ) Les Libérateurs
V ) Le Sable trahi
VI ) Je ne prononce pas en vain ton nom, ô Amérique
VII ) Chant général du Chili
VIII ) La Terre s’appelle Jean
IX ) Que s’éveille le bûcheron
X ) Le Fugitif
XI ) Les Fleurs de Punitaqui
XII ) Les Fleuves du chant
XIII ) Choral de nouvel an pour la patrie dans les ténèbres
XIV ) Le Grand Océan
XV ) Je suis
Et je me permets de citer quelques titres de poèmes :
« Soudain je me réveille dans la nuit et je pense au Sud extrême.
« Je remémore la solitude du détroit.
« Les découvreurs apparaissent et il ne reste rien d’eux.
« Seule s’impose la désolation.
« J’évoque le vieux découvreur.
« Magellan. »
Et pour l’anecdote, citons une interview publiée à l’époque de la sortie :
« Les chapitres que j’écrivais étaient aussitôt emportés et dactylographiés, car si la police m’avait découvert on eût perdu les originaux [Neruda était alors condamné à l’enfermement après avoir critiqué, devant le Sénat, le 27 novembre 1947, la dictature]. Il me fallut attendre les jours qui précédèrent mon départ du Chili pour avoir une idée exacte de mon travail. On m’en remit une copie. Et c’est ainsi que je franchis la Cordillère des Andes, à cheval, sans autre linge que les effets que je portais, avec dans mes fontes mon bon gros livre et deux bouteilles de vin. »
Bref, un recueil de poésie parmi les grands, les très grands.
Gallimard, collection NRF, Français (traduit de l’espagnol par Claude Couffon)