Le voyage de Magellan
Antonio Pigafetta
Cet ouvrage est merveilleux. Fruit d’un long travail de recherche et de traduction en équipe, il contient bien sur une version en francais du récit d’Antonio Pigafetta. Ce vénitien embarqua sur la flotte de Magellan en 1519 et fut de la petite vingtaine d’hommes (je ne me souviens plus du chiffre exact) qui retrouvèrent l’Europe par l’Orient après avoir bouclé le premier tour du Monde (j’ai déja évoqué ce périple en citant le « Magellan » de Stefan Zweig).
Mais les auteurs, véritables archéologues magellaniques – comme il existe une foret magellanique – nous offrent là une véritable monographie, la plus exhaustive m’a-t-on dit, du voyage de Magellan.
Le manuscrit original de Pigafetta a été perdu et il n’en subsiste que quatre copies. Elles diffèrent légèrement sur certains points. Les auteurs ont donc souligné dans le récit, en utilisant un astucieux jeux de couleurs, les mots et phrases qui provenaient des différentes copies. Le résultat est saisissant et passionnant : le manuscrit original est presque là, juste derrière les quelques variations des copies.
C’est une monographie parce que ces deux tomes touchent a l’exhaustivité. Outre le récit de Pigafetta – dont je garde le souvenir qu’il est parfois tres drôle a lire – tous les témoignages directs sont consignés.
A la fin de l’ouvrage une longue liste m’a pasionné : il s’agit de l’ensemble des biographies des deux cent trente et quelques hommes d’équipage des cinq navires de la flotte de Magellan. Certains, quand les informations sont maigres, n’ont que quelqes lignes ; d’autres ont plusieurs colonnes, comme Magellan ou Elcano (le commandant, après la mort de Magellan, du Victoria, seul navire a réussir le tour du Monde et à revenir en Espagne). Ce qui m’a stupéfait, outre l’émotion de lire l’histoire individuelle de tous ces hommes, c’est la diversité des pays d’origine de tous ces marins : des espagnols et des portugais bien sur, mais aussi des basques, des francais, des grecs, des anglais, des allemands, des italiens, des bretons, des suédois, des africains... (j’ai fait le décompte de toutes ces origines, hélas resté a Paris). La première circumnavigation est l’oeuvre de la première mondialisation, celle du XVIe siècle, par la mer et par les ports. Cet ouvrage est beau et passionnant. Puisse-t-il dépasser son audience naturelle, universitaires et passionnés d’histoire de la navigation. Achetez-le, empruntez-le, et sentez comment des hommes, en courage, en aventure, mais aussi en cruauté, trahison et souffrance ont fait de la Terre notre maison commune.
Je rédige la présente note a Punta Arenas, sur les rives du détroit de Magellan, de mémoire. N’ayant pas l’ouvrage sous les yeux, excusez donc d’éventuelles approximations.
Le Voyage de Magellan (1519-1522) – La relation d’Antonio Pigafetta & autres témoignages, éditions Chandeigne ; format : 16,5 x 22 cm, 1 087 pages en deux volumes reliés sous jaquette et coffret