Jusqu’au bout de la peur
Geoffrey Moorhouse
Geoffrey Moorhouse est un reporter et écrivain anglais.
En rentrant d’un voyage, il survole, à bord d’un avion de ligne, le Sahara.
Un flash. Il se sent irrémédiablement attiré et projette la traversée de ce désert d’Ouest en Est, de l’Atlantique au Nil, à pied et à dos de chameaux.
En 1972, au départ de Mauritanie, il s’élance.
Première semaine, les dunes sont magnifiques. Ces sculptures de sables accaparent son attention.
Plusieurs semaines plus tard, les dunes sont toujours là, mais l’attention s’est dirigée vers la famille, les amis, l’entourage.
Toujours plus tard, les dunes sont passées, la famille et les amis aussi et les pensées se sont envolées vers la philosophie, la spiritualité, des questionnements propres à faire fonctionner le cerveau et les ressources du marcheur.
Encore plus tard, encore plus loin, les kilomètres s’égrènent, entrecoupés de péripéties, et les sources, à même d’aiguiser les réflexions, se sont émoussées.
Enfin la douleur physique, la souffrance, surviennent. Enfin. Car enfin quelque chose de nouveau, apte à titiller l’intelligence, à donner du grain à moudre aux moulins des idées.
Puis, las, l’intérêt de la douleur s’estompe. Toujours là, elle se laisse oublier, comme les dunes, comme la famille, les amis et la philosophie.
Alors que reste-t-il propre à aiguiller l’homme, son cerveau, son intellect ?
Rien.
Rien et si justement rien.
Les réflexions se mettent en branle, Moorhouse peut s’arrêter. Il a trouvé.
Cette histoire ne se déroule pas en Patagonie, Moorhouse n’y a peut-être jamais mis les pieds. Mais ce livre fut certainement l’un des jalons constructeurs sur ma route de l’aventure.
Darwin, lors de son voyage sur le Beagle, réfléchit à une notion qu’il nomme l’animalisme. J’ai longtemps interrogé cette notion à l’aune de l’expérience de Geoffrey Moorhouse.
Un livre, malheureusement difficile à trouver, qui porte des sujets de réflexions sur l’Homme et ses sociétés qui me semblent fondamentaux.
Jusqu’au bout de la peur de Geoffrey Moorhouse
Edition originale, en anglais, par Hodder and Stoughton, 1974, sous le titre The Fearful Void.
Première édition française par Arthaud en 1975, 255 p., traduit de l’anglais par René Benezra.
Réédité en français par Phébus sous le titre Au bout de la peur. Le désert en solitaire, 1991, 320 p.
Réédité par Payot, collection Petite Bibliothèque Payot, sous le titre Au bout de la peur, 1994.