L’annonce de cette exposition au Quai Branly était alléchante. Je saute dans mon kayak, remonte la Seine – je sais, c’est interdit, mais pourquoi pas – et me voici devant ce grand bâtiment – bof – et ce superbe jardin. Aux guichets, la personne qui m’accueille est sans ambages : "Vous ne venez que pour cette expo ? C’est tout petit vous savez ? Ca m’embête de vous faire payer autant juste pour ça… Allez, passez”

Ca c’est du commerce ! Merci monsieur !

Mais malheureusement la sincérité de l’accueil était justifiée… Ce n’est pas une grande expo en effet, mais surtout c’est une expo sans réel fondement. Sans queue ni tête. Sans logique. On plaque des trucs aux murs et dans des vitrines. On invente un lien entre tout ça, totalement artificiel, et basta.

On commence donc par de vieux grimoires censés nous faire prendre conscience que la Patagonie a longtemps était un territoire décrit de manière romanesque par les découvreurs de ces terres.
De la description du territoire, on passe à la description des autochtones. Si vous voulez suivre quelque chose à tout cela, attention, mieux vaut avoir une solide idée de la géographie des territoires couverts par les différents peuples et connaître leurs différences, leurs coutumes. En effet, rien n’est proposé au spectateur pour jauger l’imaginaire à l’aune du réel.
Au passage, j’en profite pour vous rappeler ce lien : Les premiers habitants de Patagonie.
Sans transition, passons à quelques photos, sans explication à nouveau si ce n’est de dire qu’elles sont très rares et donc exceptionnelles…
Puis trois photos de la Patagonie actuelle. De zones fort éloignées de toutes celles où se déroulaient les prises de vues précédentes.

Et puis c’est fini. J’attendais beaucoup mieux de ce lieu. Grande déception.

La plaquette est du même acabit, réalisée sans aucune rigueur et comportant de nombreuses erreurs. Des photos y sont attribuées à Chatwin – que vient-il faire dans cette expo ? – alors qu’elles ne sont pas de lui (l’occasion de se remémorer : Photographies et carnets de voyage), et bien d ’autres que je ne prendrais pas le temps de lister.

Il est regrettable que de telles expos voient le jour dans des lieux qui se veulent si prestigieux. On peut penser que toute subvention, toute aide pour le montage d’une expo sur la Patagonie est maintenant fichue pour un long moment “Ah, non, on en a déjà financée une il n’y a pas longtemps”.

Du temps perdu, de l’énergie aussi certainement.

Le cocasse de la chose est tout de même que cette expo se situe dans l’enchaînement d’une autre : La Pluie (où il n’est d’ailleurs nullement question de Patagonie si je ne me trompe).
Cet hasard m’aura au moins fait quitter ses lieux sur un sourire.

Et puis je suis passé à la librairie du musée. Enfin une bonne surprise ! Une sélection de livres traitant de la Patagonie est proposée à la vente. Sélection pointue, où figure des livres difficilement trouvables, un très bon moment de lecture. Citons au passage le catalogue de l’expo qui, sans paraître exceptionnel, me semble tout de même de bien meilleure facture que l’expo en elle même. Malheureusement, son prix m’a rebuté et je n’ai dû me contenter que de le feuilleter. Dommage.

Patagonie, Images du bout du monde, Musée du Quai Branly
Du 06 mars au 13 mai 2012

Publié le 2 mai 2012