Nous avons 4 périodes d’autonomie, 30 jours pour Punta Arenas - Puerto Natales, 43 jours pour Puerto Natales - Puerto Eden, 14 jours pour Puerto Eden - Caleta Tortel et à nouveau 43 jours pour Caleta Tortel - Puerto Aysen (Coyhaique). Soit 4 mois, la durée raisonnable que nous avons estimée, mais tablant sur une progression rapide (pour plus de détails : le parcours de l’expédition). Nous nous appuyons sur cette durée optimiste car il nous est apparu difficile de charger plus de 43 jours de nourriture dans les kayaks. Peut-être irons-nous plus vite, peut-être plus lentement et nous devrons alors nous débrouiller pour trouver de la nourriture, auprès des bateaux de passage par exemple.
Nous avons défini nos besoins caloriques à 3200 kcal par jour et avons divisé la journée en 3 repas : le petit-déjeuner, le dîner et les vivres de courses à consommer tout au long de la journée. Cette division n’est que théorique, nous nous adapterons aux réalités météorologiques et à notre appétit au cours de la journée.

La première étape, Punta Arenas - Puerto Natales, sera un test pour notre vitesse de progression. Nous pourrons alors adapter et préciser notre régime alimentaire. C’est une des raisons qui nous a poussé à baser une grande partie de notre alimentation sur les produits disponibles dans les villes chiliennes. Seules les lyophilisées du soir sont importées d’Europe.

Les quantités ci-dessous sont données pour une personne. La question de l’eau n’est pas évoquée car nous sommes dans une région où cela ne devrait pas poser problème. Nous devrions pouvoir remplir nos gourdes (4 litres) à chacun de nos arrêts.

Petit-déjeuner
175 g de céréales achetées en supermarché, 404 kcal/100g
40 g de lait entier en poudre, 482 kcal/100g
Environ 125 g de fruits secs. Nous avons trouvé 30 types différents de fruits secs, ce qui est parfait pour entretenir chaque matin notre appétit.

Vivres de courses
1 jus de fruit en poudre (40 g) prévu pour 1 litre que nous diluerons dans 2 litres. Là aussi nous avons trouvé 30 types de jus différents, 380kcal/100g
1 plaque de chocolat (noir, blanc et au lait avec noisettes et amandes) de 100 g, 538 kcal/100g, ou 100 g de Turon, 537 kcal/100g
Le reste des 125 g de fruits secs que nous n’aurons certainement pas entièrement consommés au petit-déjeuner.

Soir
1 lyophilisée AdventureFood prévue initialement pour 2 personnes, 270 g, 1100 kcal environ, 11 plats différents.

Tous les deux jours
1 comprimé contenant vitamines et sels minéraux.

En plus nous emportons pour deux :
510 g de beurre de cacahuètes, 625 kcal/100g
454 g de dulce de leche, 308 kcal/100g
705 g de gâteaux secs, 350 kcal/100g
2 paquets de thé
1 bouteille de cognac
200 g de "charqui", viande de cheval séchée, 341 kcal/100g mais surtout plein de protéines
80 g de "charqui", viande de vache séchée, 317 kcal/100g mais surtout plein de protéines
Nous aurions préféré plus de vache et moins de cheval, mais le "charqui", quel qu’il soit, est très difficile à trouver à Punta Arenas.

Nous avons conditionné tout cela de la manière suivante.
Nous avons un sachet, type conservation au congélateur, par jour et pour deux, contenant les céréales mélangées au lait en poudre, les fruits secs, 2 tablettes de chocolat identiques et 2 jus de fruits identiques. Séparément nous avons un sachet de lyophilisé par jour chacun. Ce conditionnement nous permet de ne pas avoir à nous poser de questions le matin. On prend un sachet, on déjeune et on met le reste dans nos poches pour la journée. Le soir, on sort un autre sachet pour nos lyophilisées. Cette organisation permet de connaître très facilement l’état de nos réserves et d’éviter toute ambiguïté sur le partage.

À Puerto Natales, nous ferons les comptes et pourrons affiner notre régime alimentaire, le but étant toujours le même : diminuer le volume à transporter tout en conservant une alimentation suffisante.
L’expérience devrait nous apporter bon nombre de réponses à toute une série de questions :
Notre régime présente-t-il de fortes carences (lipides, glucides, protides, fibres, sels minéraux, etc.) ?
La quantité calorique est-elle la bonne ? Répond-elle aux attentes de chacun, compte tenu de nos corpulences légèrement différentes ?
La conservation des produits est-elle satisfaisante ?
Les sachets sont-ils suffisamment résistants ?
A-t-on une bonne digestion des produits, notamment pour le lait ? Faisons-nous un rejet de certains produits ?
Ne tombons-nous pas dans une certaine apathie alimentaire ? La diversité du régime est-elle suffisante ?
Y a-t-il surabondance générale ou d’un produit, le sucre par exemple ?
S’est-on adapté au régime et, si oui, avec quelle rapidité ?
Quelle sera notre capacité de pêcher et, plus largement, celle de trouver de la nourriture sur place ?
La répartition matin midi et soir est-elle bonne ? Et son corollaire, le conditionnement des aliments ?
La présence de l’eau douce est-elle bien réelle ? Sa qualité justifie-t-elle une filtration par pierre ?
L’impact psychologique du régime sur chacun sera aussi intéressant à examiner.
Et d’autres questions nous viendront certainement au cours de cette première étape.
Si vous souhaitez nous interroger ou nous donner des pistes de réflexions, n’hésitez pas à le faire via le forum.

Mais d’ici là, bon appétit.

Note : sans attendre notre retour en France et la publication de l’article théorique, nous tenons à remercier Claire Gaudichon pour ses conseils et son encadrement.